Descriptif

Toutes et tous à Paris le 12 novembre pour l'arrivée de la Tracto-Vélo

La coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDL), près de Nantes (44) organise du dimanche 6 au samedi 12 novembre 2011 un déplacement en tracteurs et vélos jusqu’à Paris pour interpeller nos décideurs nationaux, peser sur les négociations entre partis qui ne manqueront pas d’avoir lieu pour les Présidentielles 2012 et dénoncer encore une fois l’aberration de ce projet dans les conjonctures financière, économique, sociale et environnementale actuelles.

Nous partirons de Notre-Dame-des-Landes le dimanche 6 novembre vers 9H. Nous passerons par Candé, Sablé, Le Mans, Nogent le Rotrou, Chartres puis après Saclay et Arcueil, nous arriverons à Paris le samedi 12 novembre vers midi. Nous aurons ainsi parcouru 400 km.

Cette tracto-vélo vient dans la continuité du grand rassemblement 3 jours de résistance à Notre-Dame-des-Landes les 8, 9 et 10 juillet 2011 et de la Régionale tracto-vélo de mars 2010.

Attention, les inscriptions cyclistes sont closes. Rejoignez-nous nombreux le 12 novembre à Paris (cars prévus, inscrivez-vous vite)

dimanche 11 décembre 2011

Intervention de Marcel Thébaut le 12 novembre


Bonjour,
Merci à vous d’être là si nombreux. Je suis chargé de vous parler au nom de la coordination des opposants au projet de Notre Dame de Landes.
Je dois vous dire qu’en dépit de ma barbe blanche, je suis jeune dans ce combat.
En 1973 les aménageurs ont décidé de prendre 1400 Ha pour créer le grand aéroport de l’ouest, de dimension internationale, celui qui accueillerait le concorde.
Les agriculteurs se sont dressés pour s’opposer à ce projet pour une raison : défendre leur outil de travail de paysan et paysannes. Ils avaient l’habitude de se battre pour le foncier pour installer des jeunes, pour avoir un coût de fermage acceptable, pour limiter la spéculation et le développement des grandes exploitations.

Pour eux, ce combat était de même nature.
C’était bien un combat de paysans pour la terre.
Nos parents ont résisté.
On est là grâce à eux, grâce à leur combat : continuer à travailler la terre, se battre pour installer et maintenir les exploitations sur la zone avec ce projet sur la tête comme une épée de Damoclès.
Jusqu’à présent, nous en avons usé des préfets, ca oui ! Mais les friches n’ont pas progressé, les emplois ont été maintenus.

En 2000, quand le projet à été relancé, c’est nous, les enfants, qui avons relancé l’A.D.E.C.A, notre association pour lutter contre ce projet.
Aujourd’hui, la 3éme génération commence à se présenter.
Ainsi Notre Dame des Landes est le plus vieux combat pour le foncier avec plus de 40 ans d’âge.
Depuis 2000, nous ne sommes plus seuls à se battre, et nous en sommes heureux.

    Pourquoi nous nous retrouvons paysans, associations et partis politiques sur ce même combat. Se battre pour les terres de Notre Dame des Landes c’est : sauver plus de 2000 Ha sur lesquels nous produisons du lait, de la viande et un soupçon de céréales.
    Notre planète terre est finie, la population va continuer à augmenter. Il faut désormais être économe dans la consommation du foncier.
    Même les porteurs du projet, après leurs études, ont qualifié les terres de la zone du projet de 100% humides. Nous on leur dit : « on connait nos terres, c’est humide. Notre Dame des Landes , c’est pas Notre Dame des Coteaux,  cela veut dire des terres humides ». Cela fait 40ans qu’on leur dit. Mais ils ont fait les études et c’est clair, oui ce se sont des terres humides.
    Il faudra donc des compensations importantes en surface pour respecter la loi sur l’eau.
    C’est donc plus de 2000 Ha qui sortiront de l’agriculture sous forme de béton ou de surface de compensation.

    Sachez bien que plus on réduit la surface en production agricole, plus on entraine les agriculteurs vers un système plus productif à l’Ha.
 Si on veut une agriculture qui consomme moins de produits phytosanitaires et moins d’engrais. Si on veut une agriculture plus autonome et faire plus de bio, il ne faut pas réduire les terres.
ð     Détruire l’agriculture à 20 Km de Nantes, grande métropole, à l’heure du développement des A.MAP, des circuits courts et de la vente directe sous toute forme ; C’est un manque d’anticipation terrible.
ð     Vider les territoires ruraux pour tout concentrer sur les grandes métropoles ; C’est aussi la course folle à laquelle participe ce projet.
ð     Casser ce qui fonctionne, refaire du neuf alors que l’on n’a pas d’argent dans les caisses, laisser des emprunts à rembourser par ses successeurs. Ce ne sont pas nos pratiques à nous agriculteurs avec notre budget, ni les vôtres dans votre budget familial.

    L’étude économique du C.E.D.P.A est faite par un cabinet international donc indépendant de toute pression locale. Elle montre combien ce projet est la plus mauvaise solution sur le plan économique, même si le trafic de Nantes Atlantique se développait de façon pérenne.
    A l’heure de la rigueur pour tous, Notre Dame des Landes est le symbole du gaspillage des terres, du gaspillage de l’argent public et du gaspillage de la démocratie. En effet, ce qui s’impose c’est la volonté de deux personnes suivies docilement par les élus de leur parti.

      Le seul aéroport de Haute Qualité Environnementale (HQE) c’est l’arrêt du projet de Notre Dame des Landes.
    La rigueur appliquée aux élus c’est aussi l’arrêt du projet de Notre Dame des Landes.

    Nous sommes ici, tous ensembles, pour demander à l’actuel président et pour demander au prochain, l’arrêt de ce projet.
On ne lâchera rien.
On ne lâchera rien.
Et nous avons un mot à dire à Vinci : Vinci, Dégage !
    L’arrêt de ce projet de NDL sera une invitation pour tous nos grands élus à réfléchir à deux fois sur tous ces projets de gaspillage d’espace et de gaspillage d’argent public.

    Je voudrais maintenant vous parler de la situation sur le terrain :
ð     Pour nous, paysans expulsables, cette tracto-vélo, ces 100 personnes qui se mobilisent une semaine entière, cette foule aujourd’hui, c’est formidable…
ð     Il y a un mois, 17 tracteurs s’étaient installés sur une parcelle prévue pour les diagnostiques archéologiques. Le fermier et le propriétaire refusèrent de signer un accord pour ces diagnostics. 17 tracteurs, chauffeurs et des habitants des communes et de la Z.A.D étaient là pour accueillir l’huissier. Personne n’a signé, ni même le maire de la commune de Vigneux qui était censé signer à leur place.
L’huissier bredouille a renvoyé un courrier officiel et cette semaine, mardi dernier, il est revenu accompagné cette fois de 15 gendarmes. Il est encore reparti bredouille.
Le résultat c’est qu’il faudra une décision de justice pour massacrer cette parcelle à la pelleteuse.

Ce jeudi matin 20 propriétaires ont accompagné les avocats pour déposer les 33 dossiers attaquant l’arrêté de cessibilité.
L’après midi, accueil de journalistes de France 5 sur une exploitation.

    Notre vie à Notre Dame c’est aussi la présence des forces de police :
-         qui accompagnent les experts qui font les diagnostics de sol, de flore et de faune
-         qui accompagnent les géomètres
-         qui protègent les diagnostics archéologiques
-         qui passent chez les squatters qui occupent des maisons de la ZAD et évitent leur destruction.
      Ces mêmes forces de police qui nous accompagnent lourdement lors de chaque manifestation.
    On ne passe pas une journée sans voir de car de CRS. Klaxon, ralentissement devant les maisons, contrôles aux carrefours…
Oui, on peut le dire, déjà à l’état de projet, Notre Dame des Landes crée de l’emploi !
    L’actualité c’est aussi la destruction de terres qui commence par les sondages. Diagnostic archéologique avant les aménagements routiers cela veut dire que l’on creuse la terre jusqu’au sous sol sur 17% de la surface.
    Sondage pour prélever des échantillons à 10m de profondeur. Cela veut dire que la pelleteuse creuse un trou aussi profond que possible puis descend dans le trou et creuse à nouveau au plus profond. Maintenant c’est bien refermé, mais allez produire après un tel massacre dans la parcelle.

    La réalité c’est aussi, et surtout, depuis le premier janvier, la pression pour l’achat des terres et des bâtiments. Vinci a mis en place des gens pour aider les paysans à quitter leur ferme et pour acheter les terres.
Pour nous paysans, deux personnes : - dans le rôle du bon : un monsieur bien sous tout rapport qui vous explique (si vous le recevez) : « Je comprends votre position, je ne suis pas là pour vous vendre le projet, mais voilà mon échéancier :au 01/01/2013 nous devons disposer des terres. »
                                                              - dans le rôle du méchant, le cabinet de géomètres chargé d’acheter les terres et  bâtiments : un jeune loup très rigide et dirigiste : « Bon, je reviens ce mois ci faire l’estimation du prix des bâtiments et de la maison. Il nous faut faire cela cet automne. » C’est ce même personnage qui va voir tous les propriétaires pour acheter les terres de la zone aéroportuaire et même des terres en dehors pour avoir des surfaces de compensation écologique.
  Beaucoup de propriétaires sont des personnes un peu âgées, qui n’aiment pas les complications et les conflits.
     Ce monsieur et ses collègues vont rappeler plusieurs fois, envoyer un courrier qui semble officiel, informer que prendre un avocat c’est un budget d’au moins 5000 euros.
Leurs moyens de pression sont importants, diversifiés et ciblés selon le propriétaire. Tous les moyens sont bons pour acheter à l’amiable.

    La réalité c’est toujours des enquêtes publiques avec des manifestations lors de la présence des commissaires et des cars de CRS comme jamais vu dans nos petits bourgs. Il arrive même qu’ils bloquent les mamans qui mettent leurs enfants à l’école.

     Face à cette pression forte, les bonnes nouvelles c’est :
-         le refus de ce projet par l’ensemble de la population, nous le voyons lors de réunions, nous l’avons vu lors du départ de la tracto-vélo.
-         La mobilisation importante de paysans et non paysans, d’habitants officiels et non officiels, de jeunes et de moins jeunes, de tous les âges.
            Dans le temps avec 80 personnes mobilisées sur tout une semaine.
                        En nombre, comme nous tous aujourd’hui.
                        En gamme de compétences réunies, dans tous les domaines si une action est imaginée, nous trouvons les compétences et les réseaux pour avancer.
Nous sommes nombreux, solidaires, différents et unis dans un même but ; c’est pour cela que nous gagnerons.

Nous nous battons sur 3 plans :

Le juridique :  - c’est l’action de jeudi dernier d’attaquer l’arrêté de cessibilité avec 33 propriétaires    - le recours auprès de la commission européenne des droits de l’homme
-         surveiller l’application de la loi sur l’eau dont on sait qu’elle sera impossible à respecter
Le politique  - le CEDPA est le premier levier :1000 élus  de tous bords, l’étude qu’ils ont réalisés donne du poids à nos arguments et seront plus crédibles.
-         le soutien à nos élus dans leurs actions de résistance à Vinci, par exemple leur engagement à ne pas vendre de terres communales à Vinci et à aller jusqu’à l’expropriation
-         saisir l’occasion des présidentielles pour demander à chaque candidat de se positionner
-         que Notre Dame des Landes soit pris en compte dans les négociations entre les différents partis
La mobilisation citoyenne   - se dresser devant toute action menée par Vinci ; sondage archéologique, étude environnementale, enquête publique
-         inciter, conforter, les propriétaires qui ne veulent pas vendre, leur expliquer qu’ils ne risquent rien. C’est un travail de longue haleine et de patience.
-         Faire connaitre nos arguments par des réunions publiques, être présent lors de chaque meeting et interpeller les candidats
-         J’ai oublié de parler de la vigie, qui est aussi une action de longue haleine et demande du temps
-         Se mobiliser comme aujourd’hui pour être visible au niveau national.

Nos objections, nos enjeux sont aussi ceux de nombreux autres combats.
Vos combats, nous les avons aussi entendus lors de la tracto-vélo, nos problématiques sont communes.
C’est nombreux et tous ensembles que nous gagnerons.
Nous ne lâcherons rien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire