Bonjour,
Merci à vous d’être là si nombreux. Je suis chargé de vous
parler au nom de la coordination des opposants au projet de Notre Dame de
Landes.
Je dois vous dire qu’en dépit de ma barbe blanche, je suis
jeune dans ce combat.
En 1973 les aménageurs ont décidé de prendre 1400 Ha pour créer le grand
aéroport de l’ouest, de dimension internationale, celui qui accueillerait le
concorde.
Les agriculteurs se sont dressés pour s’opposer à ce projet
pour une raison : défendre leur outil de travail de paysan et paysannes.
Ils avaient l’habitude de se battre pour le foncier pour installer des jeunes,
pour avoir un coût de fermage acceptable, pour limiter la spéculation et le
développement des grandes exploitations.
Pour eux, ce combat était de même nature.
C’était bien un combat de paysans pour la terre.
Nos parents ont résisté.
On est là grâce à eux, grâce à leur combat : continuer
à travailler la terre, se battre pour installer et maintenir les exploitations sur
la zone avec ce projet sur la tête comme une épée de Damoclès.
Jusqu’à présent, nous en avons usé des préfets, ca
oui ! Mais les friches n’ont pas progressé, les emplois ont été maintenus.
En 2000, quand le projet à été relancé, c’est nous, les
enfants, qui avons relancé l’A.D.E.C.A, notre association pour lutter contre ce
projet.
Aujourd’hui, la 3éme génération commence à se présenter.
Ainsi Notre Dame des Landes est le plus vieux combat pour le
foncier avec plus de 40 ans d’âge.
Depuis 2000, nous ne sommes plus seuls à se battre, et nous
en sommes heureux.
Pourquoi nous nous
retrouvons paysans, associations et partis politiques sur ce même combat. Se
battre pour les terres de Notre Dame des Landes c’est : sauver plus de 2000 Ha sur lesquels nous
produisons du lait, de la viande et un soupçon de céréales.
Notre planète
terre est finie, la population va continuer à augmenter. Il faut désormais être
économe dans la consommation du foncier.
Même les porteurs
du projet, après leurs études, ont qualifié les terres de la zone du projet de
100% humides. Nous on leur dit : « on connait nos terres, c’est
humide. Notre Dame des Landes , c’est pas Notre Dame des Coteaux, cela veut dire des terres humides ».
Cela fait 40ans qu’on leur dit. Mais ils ont fait les études et c’est clair,
oui ce se sont des terres humides.
Il faudra donc des
compensations importantes en surface pour respecter la loi sur l’eau.
C’est donc plus de
2000 Ha
qui sortiront de l’agriculture sous forme de béton ou de surface de
compensation.
Sachez bien que
plus on réduit la surface en production agricole, plus on entraine les
agriculteurs vers un système plus productif à l’Ha.
Si on veut une
agriculture qui consomme moins de produits phytosanitaires et moins d’engrais.
Si on veut une agriculture plus autonome et faire plus de bio, il ne faut pas
réduire les terres.
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Détruire l’agriculture à 20 Km de Nantes, grande
métropole, à l’heure du développement des A.MAP, des circuits courts et de la
vente directe sous toute forme ; C’est un manque d’anticipation terrible.
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Vider les territoires ruraux pour tout
concentrer sur les grandes métropoles ; C’est aussi la course folle à
laquelle participe ce projet.
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Casser ce qui fonctionne, refaire du neuf alors
que l’on n’a pas d’argent dans les caisses, laisser des emprunts à rembourser
par ses successeurs. Ce ne sont pas nos pratiques à nous agriculteurs avec
notre budget, ni les vôtres dans votre budget familial.
L’étude économique du C.E.D.P.A est faite
par un cabinet international donc indépendant de toute pression locale. Elle
montre combien ce projet est la plus mauvaise solution sur le plan économique,
même si le trafic de Nantes Atlantique se développait de façon pérenne.
A l’heure de la
rigueur pour tous, Notre Dame des Landes est le symbole du gaspillage des
terres, du gaspillage de l’argent public et du gaspillage de la démocratie. En
effet, ce qui s’impose c’est la volonté de deux personnes suivies docilement
par les élus de leur parti.
Le seul aéroport
de Haute Qualité Environnementale (HQE) c’est l’arrêt du projet de Notre Dame
des Landes.
La rigueur
appliquée aux élus c’est aussi l’arrêt du projet de Notre Dame des Landes.
Nous sommes ici,
tous ensembles, pour demander à l’actuel président et pour demander au
prochain, l’arrêt de ce projet.
On ne lâchera rien.
On ne lâchera rien.
Et nous avons un mot à dire à Vinci : Vinci,
Dégage !
L’arrêt de ce
projet de NDL sera une invitation pour tous nos grands élus à réfléchir à deux
fois sur tous ces projets de gaspillage d’espace et de gaspillage d’argent
public.
Je voudrais
maintenant vous parler de la situation sur le terrain :
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Pour nous, paysans expulsables, cette tracto-vélo,
ces 100 personnes qui se mobilisent une semaine entière, cette foule
aujourd’hui, c’est formidable…
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Il y a un mois, 17 tracteurs s’étaient installés
sur une parcelle prévue pour les diagnostiques archéologiques. Le fermier et le
propriétaire refusèrent de signer un accord pour ces diagnostics. 17 tracteurs,
chauffeurs et des habitants des communes et de la Z.A.D étaient là pour
accueillir l’huissier. Personne n’a signé, ni même le maire de la commune de
Vigneux qui était censé signer à leur place.
L’huissier bredouille a renvoyé
un courrier officiel et cette semaine, mardi dernier, il est revenu accompagné
cette fois de 15 gendarmes. Il est encore reparti bredouille.
Le résultat c’est qu’il faudra
une décision de justice pour massacrer cette parcelle à la pelleteuse.
Ce jeudi matin 20 propriétaires
ont accompagné les avocats pour déposer les 33 dossiers attaquant l’arrêté de
cessibilité.
L’après midi, accueil de
journalistes de France 5 sur une exploitation.
Notre vie à Notre Dame c’est aussi la
présence des forces de police :
-
qui accompagnent les experts qui font les diagnostics
de sol, de flore et de faune
-
qui accompagnent les géomètres
-
qui protègent les diagnostics archéologiques
-
qui passent chez les squatters qui occupent des maisons
de la ZAD et
évitent leur destruction.
Ces mêmes forces
de police qui nous accompagnent lourdement lors de chaque manifestation.
On ne passe pas une journée sans voir de car
de CRS. Klaxon, ralentissement devant les maisons, contrôles aux carrefours…
Oui, on peut le dire, déjà à l’état de projet, Notre Dame
des Landes crée de l’emploi !
L’actualité c’est
aussi la destruction de terres qui commence par les sondages. Diagnostic
archéologique avant les aménagements routiers cela veut dire que l’on creuse la
terre jusqu’au sous sol sur 17% de la surface.
Sondage pour
prélever des échantillons à 10m de profondeur. Cela veut dire que la pelleteuse
creuse un trou aussi profond que possible puis descend dans le trou et creuse à
nouveau au plus profond. Maintenant c’est bien refermé, mais allez produire
après un tel massacre dans la parcelle.
La réalité c’est
aussi, et surtout, depuis le premier janvier, la pression pour l’achat des
terres et des bâtiments. Vinci a mis en place des gens pour aider les paysans à
quitter leur ferme et pour acheter les terres.
Pour nous paysans, deux personnes : - dans le rôle du
bon : un monsieur bien sous tout rapport qui vous explique (si vous le
recevez) : « Je comprends votre position, je ne suis pas là pour vous
vendre le projet, mais voilà mon échéancier :au 01/01/2013 nous devons
disposer des terres. »
- dans le rôle du
méchant, le cabinet de géomètres chargé d’acheter les terres et bâtiments : un jeune loup très rigide et
dirigiste : « Bon, je reviens ce mois ci faire l’estimation du prix
des bâtiments et de la maison. Il nous faut faire cela cet automne. »
C’est ce même personnage qui va voir tous les propriétaires pour acheter les
terres de la zone aéroportuaire et même des terres en dehors pour avoir des
surfaces de compensation écologique.
Beaucoup de
propriétaires sont des personnes un peu âgées, qui n’aiment pas les
complications et les conflits.
Ce monsieur et
ses collègues vont rappeler plusieurs fois, envoyer un courrier qui semble
officiel, informer que prendre un avocat c’est un budget d’au moins 5000
euros.
Leurs moyens de pression sont importants, diversifiés et
ciblés selon le propriétaire. Tous les moyens sont bons pour acheter à
l’amiable.
La réalité c’est
toujours des enquêtes publiques avec des manifestations lors de la présence des
commissaires et des cars de CRS comme jamais vu dans nos petits bourgs. Il
arrive même qu’ils bloquent les mamans qui mettent leurs enfants à l’école.
Face à cette
pression forte, les bonnes nouvelles c’est :
-
le refus de ce projet par l’ensemble de la population,
nous le voyons lors de réunions, nous l’avons vu lors du départ de la
tracto-vélo.
-
La mobilisation importante de paysans et non paysans,
d’habitants officiels et non officiels, de jeunes et de moins jeunes, de tous
les âges.
Dans le temps avec 80 personnes
mobilisées sur tout une semaine.
En nombre, comme nous tous aujourd’hui.
En gamme de compétences réunies, dans tous les domaines si une action
est imaginée, nous trouvons les compétences et les réseaux pour avancer.
Nous sommes nombreux, solidaires, différents et unis dans un
même but ; c’est pour cela que nous gagnerons.
Nous nous battons sur 3 plans :
Le juridique : -
c’est l’action de jeudi dernier d’attaquer l’arrêté de cessibilité avec 33
propriétaires - le recours auprès de
la commission européenne des droits de l’homme
-
surveiller l’application de la loi sur l’eau dont on
sait qu’elle sera impossible à respecter
Le politique - le
CEDPA est le premier levier :1000 élus
de tous bords, l’étude qu’ils ont réalisés donne du poids à nos
arguments et seront plus crédibles.
-
le soutien à nos élus dans leurs actions de résistance
à Vinci, par exemple leur engagement à ne pas vendre de terres communales à
Vinci et à aller jusqu’à l’expropriation
-
saisir l’occasion des présidentielles pour demander à
chaque candidat de se positionner
-
que Notre Dame des Landes soit pris en compte dans les
négociations entre les différents partis
La mobilisation citoyenne
- se dresser devant toute action menée par Vinci ; sondage
archéologique, étude environnementale, enquête publique
-
inciter, conforter, les propriétaires qui ne veulent
pas vendre, leur expliquer qu’ils ne risquent rien. C’est un travail de longue
haleine et de patience.
-
Faire connaitre nos arguments par des réunions
publiques, être présent lors de chaque meeting et interpeller les candidats
-
J’ai oublié de parler de la vigie, qui est aussi une
action de longue haleine et demande du temps
-
Se mobiliser comme aujourd’hui pour être visible au
niveau national.
Nos objections, nos enjeux sont aussi ceux de nombreux
autres combats.
Vos combats, nous les avons aussi entendus lors de la
tracto-vélo, nos problématiques sont communes.
C’est nombreux et tous ensembles que nous gagnerons.
Nous ne lâcherons rien.
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